Image décorative - deux filles qui se moquent d'une autre élève dans une salle de classe.

Non au harcèlement scolaire : changer le quotidien c’est tous les jours.

Le 18 novembre se tenait la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. En France, en moyenne un élève sur dix est victime de harcèlement scolaire. C’est une vérité qui touche tous les établissements, milieux sociaux et classes d’âge et qui se révèle fatale dans trop de cas. Cette année, 18 mineurs se sont donné la mort des suites du harcèlement enduré à l’école.

Publiée le 01/02/22 à 18h39, par Jade Jacquot.

Temps de lecture : 4mn

Un harcelé, des harceleurs

On considère qu’il y a harcèlement dès lors qu’un élève fait l’objet de violences répétitives de la part d’un ou plusieurs camarades. Le pluriel est, en effet, toujours du côté des harceleurs qui entretiennent un véritable effet de groupe autour de la victime. Le choix de celle-ci se base sur des critères jugés discriminatoires tels que l’apparence physique, l’origine, le sexe, l’identité de genre, l’orientation sexuelle, le handicap, etc. Ces critères sont loin d’être exhaustifs, tout comme la variété des violences perpétrées. Insultes et racket sont en tête de liste mais peuvent très vite s’assortir de violences physiques voire sexuelles lorsque la situation s’aggrave.

Les réseaux sociaux, au service du cyberharcèlement

Si l’effet de groupe est bien l’un des marqueurs principaux du harcèlement, il n’a jamais été aussi fort que depuis l’avènement des réseaux sociaux. En effet, le cyberharcèlement est la face cachée de l’iceberg. Insoupçonnable, il s’immisce en dehors des barrières des établissements scolaires et poursuit le travail de destruction à l’aide d’outils dont la viralité permet de propager des informations nocives à une vitesse sans précédent. Pas de répit pour les élèves harcelés qui, même au sein de leur foyer, subissent les menaces de leurs pairs, bien à l’abri de la supervision des adultes. Attention donc à l’usage de ces réseaux, notamment TikTok et Snapchat, les plus populaires parmi les collégiens, et qui contribuent à en faire la population la plus exposée au harcèlement scolaire.

Par ailleurs, le recours à de plus en plus d’objets connectés dans le cadre des cours a explosé avec l’épidémie de COVID-19 et peut être considéré comme facteur aggravant dans l’intensité des violences subies en milieu scolaire.

Image décorative - infographie sur le cyberharcèlement

La spirale de l’isolement

Lorsqu’un élève est harcelé, il va non seulement subir un rejet de la part de ses camarades, mais également s’isoler volontairement par peur, honte, ou pour protéger ses proches de son mal être. Bien souvent l’enfant n’avertit pas ses parents du fait de ces motifs mais aussi car l’intervention de ceux-ci est interprétée comme une faiblesse supplémentaire et que la victime redoute les représailles de ses bourreaux.

Dans ces circonstances, l’enfant va placer ses espoirs dans le personnel scolaire, malheureusement trop souvent défaillant à identifier et réagir aux situations de harcèlement. Cela a pour conséquence la validation de ces traitements qui ne sont finalement pas reprochés aux élèves concernés.

Face à cet immobilisme, l’élève se trouve désemparé et le suicide est souvent envisagé comme « libération ». C’est du moins ce qu’affirment 61% des élèves harcelés.

Tendre la main pour lutter contre le harcèlement

Comme nous l’avons vu, le harcèlement est fatal car ses victimes n’osent pas solliciter de l’aide.
C’est donc la responsabilité de l’entourage et notamment de l’établissement scolaire d’aller vers les élèves exposés. Pour cela, plusieurs signaux faibles peuvent et doivent être examinés avec vigilance pour prévenir la détresse des élèves. Voici quelques-uns des signes qui doivent alerter : 

  • Isolement (élève rejeté pour les travaux de groupe) y compris volontaire (élève qui cherche à ne pas aller en récré ou se cache aux toilettes)
  • Dégradation des effets personnels, perte d’affaires scolaires
  • Élève qui ramène systématiquement des sucreries pour ses camarades
  • Recherche d’une compagnie adulte sans nécessairement leur parler
  • Comportements agressifs, moqueries, insultes, jeux dangereux ciblés sur un élève
  • Chute des résultats scolaires, refus de participation

Au domicile, les parents peuvent aussi remarquer des signaux faibles qui manifestent que leur enfant subit du harcèlement. Un comportement inhabituel (souvent de destruction morale ou physique) doit être relevé et non pas mis sur le compte de la crise d’adolescence ou d’un « passage ».
Parmi ces signaux on retrouve : 

  • Isolement, refus de s’exprimer à la famille
  • Agressivité, irritabilité
  • Repli sur soi, dévalorisation de soi
  • Troubles alimentaires et/ou du sommeil, somatisation 
  • Nervosité, anxiété, tristesse, idées noires
Image décorative - Une personne tient la main d'une autre personne afin de lui montrer son soutien

En cas d’identification d’un ou plusieurs de ces paramètres, il est primordial d’ouvrir le dialogue avec l’élève concerné mais aussi entre les parents et l’établissement pour solutionner le problème avant qu’il ne prenne plus d’ampleur.

Vous pouvez vous référer au guide donné par l’Éducation nationale à retrouver en cliquant ici.

Quand éducation rime avec protection

Pour faire reculer le harcèlement scolaire, plusieurs axes sont déterminants. D’une part, sensibiliser les personnels d’éducation et parents aux signaux de détresse vus plus haut. D’autre part, PARLER du harcèlement en milieu scolaire afin de lever la honte qui pèse sur les victimes et qui les maintient dans le silence. En lien avec cela, il faut créer des endroits protégés où l’élève puisse se confier : pour cela le numéro vert 3020 existe, mais il est important d’avoir au sein de chaque établissement un réseau de personnel pédagogique dédié et d’élèves sentinelles auxquels les victimes puissent s’adresser.

Attention à ce moment-là de ne pas banaliser la situation d’un élève harcelé avec des propos détachés « ça va passer », « ce sont des chamailleries ». Cela peut exercer l’effet inverse sur l’élève, qui se constate alors complètement seul.

Enfin, la tolérance doit être le maître mot dans toutes les classes, pour décourager la stigmatisation et stopper le harcèlement à sa base. La force du groupe peut construire le harcèlement, comme elle peut le déconstruire. Il est donc primordial d’éduquer les enfants, à l’école comme à la maison, pour créer des communautés respectueuses.

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