Bandeau de l'article sur les femmes de sciences

Hommage aux femmes de science

Aujourd’hui, c’est la journée internationale des femmes et des filles de science. Une journée adoptée par les Nations unies en décembre 2015 afin de sensibiliser le public et de promouvoir l’accès et la participation des femmes et des filles aux sciences.

J’ai voulu profiter de cette journée pour mettre en lumière deux d’entre elles. Non pas que je sois une femme de science moi-même, loin s’en faut. J’ai choisi une filière littéraire, car si j’arrivais à peu près à suivre en algèbre, mes capacités étaient très limitées en géométrie, physique, chimie et autres sciences naturelles.

J’ai néanmoins une grande admiration pour les femmes qui ont dédié leur carrière à faire avancer les choses, dans des conditions parfois bien moins confortables que leurs collègues masculins, et qui ont bien souvent été oubliées ou invisibilisées dans leurs accomplissements.

Publiée le 11/02/22 à 9h52, par Laetitia Giovanni.

Temps de lecture : 6mn

Katherine Johnson, dans l’ombre de Neil Armstrong

Son nom ne vous dit peut-être rien, mais elle est pourtant l’une des trois héroïnes ayant inspiré le livre et film éponyme, “Les Figures de l’ombre”, qui retrace un moment important de la conquête spatiale américaine. Elle a notamment contribué au succès de la mission Apollo 11, qui a permis à Neil Armstrong de marcher sur la Lune en juillet 1969. 

Katherine est née en 1918 en Virginie-Occidentale, et décédera en 2020 à l’âge de 101 ans. Elle grandit en pleine ségrégation aux Etats-Unis, mais parvient néanmoins à faire de brillantes études de mathématiques. Elle interrompt sa carrière d’institutrice pour fonder une famille et retourne sur les bancs de l’école en 1939, à l’âge de 21 ans. Elle est la seule femme et étudiante afro-américaine à intégrer l’Université de Virginie-Occidentale à l’époque. 

En 1953, elle décroche un poste à la NACA (ancêtre de la NASA) pour faire des analyses mathématiques complexes. Je ne rentrerais pas davantage dans les détails, car je vous le disais, je n’y comprends pas grand-chose en science. À cette époque, la ségrégation est encore en vigueur ; elle et ses autres collègues noirs travaillent à l’écart des blancs.

Elle évolue dans sa carrière jusqu’à être assignée à la vérification de calculs de trajectoires de missions spatiales américaines. Et c’est notamment ainsi qu’elle contribuera au succès de la mission Apollo 11 qui permettra au premier homme de marcher sur la Lune. 

On estime à 40 000 le nombre de personnes ayant travaillé à la NASA spécifiquement sur la mission Apollo, mais aucune donnée chiffrée ne permet de savoir combien de femmes en faisaient partie. Grâce à son militantisme, la NASA deviendra l’une des premières institutions américaines à abolir la ségrégation raciale. 

Malgré un parcours brillant, il faudra attendre 2015 pour recevoir une reconnaissance officielle de ses contributions exceptionnelles et historiques, date à laquelle Barack Obama lui décerne la médaille présidentielle de la Liberté.

Sur ce sujet, je vous recommande d’écouter cet épisode du podcast Hors Champs, d’Alice Krief, qui revient sur le rôle clé de Katherine et l’adaptation cinématographique du livre Les Figures de l’ombre qui la met à l’honneur.

Marie Curie, derrière le mythe

C’est incontestablement l’une des plus grandes personnalités scientifiques du XXe siècle grâce à ses travaux et découvertes sur la radioactivité. 

Elle naît à Varsovie (Pologne) en 1867 dans une famille d’enseignants avec ses 3 frères et sœurs. Après le décès de sa sœur aînée en 1876, puis de sa maman deux ans plus tard, elle trouve refuge dans les études où elle s’avère brillante.

L’accès aux études supérieures lui étant interdit en Pologne, elle se résout à partir à Paris en 1891, et rejoint sa sœur partie quelques années auparavant pour étudier la médecine. Elle s’inscrit à la Faculté des Sciences pour y suivre un cursus de physique. À cette époque, on ne compte que 27 femmes, dont 7 étrangères, parmi les 776 étudiants de cette faculté.

Elle y rencontre notamment son mari, Pierre Curie, quelques années plus tard, qui évolue dans le même milieu de recherche qu’elle. Rapidement, c’est ensemble qu’ils vont poursuivre leur recherche sur le rayonnement de l’Uranium.

En 1903, elle devient la première femme à recevoir le Prix Nobel de physique, qu’elle partage avec son mari et Henri Becquerel. Elle a alors 36 ans. Il semblerait d’ailleurs qu’elle ait été initialement écartée de ce prix, car il n’était pas envisageable à l’époque de remettre un tel prix à une femme. C’est avec l’intervention de son mari qu’elle fut finalement intégrée à cette noble récompense. 

Trois ans plus tard, celui-ci meurt dans un accident de calèche et laisse Marie dans une profonde douleur. Elle écrit “Mon Pierre, je t’ai attendu des heures mortelles. On m’a rapporté des objets trouvés sur toi (…) c’est tout ce que j’ai en échange de l’ami tendre et aimé avec lequel je pensais passer ma vie”. Une douleur qui n’est pas sans nous rappeler l’histoire de Sophie-Charlotte, dans l’épisode 19, qui a perdu son Ben. 

Quelques mois plus tard, elle succède à son mari, à la tête du laboratoire de recherche de la Sorbonne, et reprend son poste de professeur. Elle devient la première femme professeure des Universités de France et toute la presse a fait le déplacement pour son discours inaugural.

En 1910, elle tombe amoureuse de Pierre Langevin, physicien célèbre et ancien élève de Pierre, qui est alors marié. Le scandale éclate en 1911 suite à une parution dans un journal nationaliste, à quelques jours à peine de recevoir son deuxième prix Nobel. Elle est la cible d’insultes, de menaces de mort, on parle de l’expulser de France…. On tente d’ailleurs de la dissuader de venir récupérer son prix à Stockholm compte tenu du lynchage qu’elle subit. Mais elle ne cède pas à la pression et effectue un voyage éreintant de plus de 48 heures en train pour se rendre dans la capitale suédoise pour la remise de son Nobel de Chimie.

Finalement, la pression retombe, Marie reste en France et Paul Langevin finit par regagner le domicile conjugal deux ans plus tard.

La Première Guerre mondiale éclate alors, et elle s’illustre une fois encore par la création de 18 ambulances, appelées les “Petites Curies”, qui permettent aux chirurgiens sur le front de pouvoir faire des radiographies et ainsi de sauver des milliers de soldats blessés.

Elle consacre toute sa vie à l’étude du radium, mais son engagement aura raison de sa santé. Elle est emportée par une leucémie, maladie directement liée à une trop forte exposition aux radiations, à l’âge de 66 ans.

Les femmes, grandes oubliées du Prix Nobel

Alors que le Prix Nobel vient de fêter ses 120 d’existence en 2021, et que 888 hommes ont reçu cette distinction, seulement 59 femmes ont été nobélisées, dont la moitié l’a été au cours des 20 dernières années. Cinquante-neuf femmes, cela représente donc seulement 6 % toute catégorie confondue. Certains se félicitaient en 2020 de voir que 4 des 10 lauréats étaient des femmes, ce qui représentait en effet un record historique, mais la réjouissance fut de courte durée puisqu’une seule femme fut récompensée en 2021.

La catégorie de la Paix demeure celle où les femmes sont le plus représentées avec un taux de 15,6 % et vient ensuite de la littérature (13,7 %). Mais dans le domaine des sciences, les statistiques sont tristement de 3 %, réparties en la médecine, la physique et la chimie. Et dans le domaine économique, seulement 2 femmes ont reçu cette distinction : Elinor Ostrom en 2009 et la franco-américaine Esther Duflo en 2019, faisant d’elle la plus jeune lauréate à le recevoir. 

Si certains s’offusquent de ces chiffres et rappellent qu’Alfred Nobel ne les avait pas appréciés non plus, l’Académie suédoise des Sciences, qui les décerne, s’en défend pourtant. “Il est triste qu’il y ait si peu de femmes lauréates d’un Nobel. Et cela reflète les conditions injustes de la société, particulièrement dans le passé, mais encore aujourd’hui. Il reste tant à faire” déclare Göran Hansson, secrétaire général de l’Académie, et précise que la question des quotas de genre et d’ethnicité n’est pas du tout envisagée dans le futur.

Selon les derniers chiffres de l’Unesco, il y aurait 30 % de femmes scientifiques dans le monde. Espérons que les mentalités continuent d’évoluer et que les luttes féministes aboutissent à plus de parités dans le domaine des sciences et de la reconnaissance des femmes exceptionnelles qui évoluent dans ce domaine. 

Et vous quelle(s) femme(s) de sciences admirez-vous ? Venez m’en parler sur Instagram dès maintenant.

Partager cet article sur :

Facebook
LinkedIn

© 2022 TOUS DROITS RÉSERVÉS - CRÉÉ PAR DAPHNÉE BAZILLAC